Sinatou SAKA

Millionnaires de rue !

Une gargote
Une gargote

Tata Vivi vient de s’acheter une nouvelle voiture et selon les rumeurs a déjà construit une belle villa dans la Zoca, un quartier résidentiel de la commune d’Abomey Calavi. D’ailleurs, elle ne cache plus sa réussite quand on voit comment madame s’habille ses derniers temps.

Quant à Maman Dany et Tata Léa, ses bonnes amies, elles viennent aussi de s’acheter une voiture.

En ces temps de crise économique, qui peuvent bien être ces dames dont la vie s’embellit et s’améliore?

Ce sont des tenancieres de gargotes ! Étonnant ? Mais vrai !

Ces dames anonymes pour l’Etat mais très populaires au sein des populations sont propriétaires de gargotes dans la ville de Cotonou. L’étalage est modeste, le repas  varie assez souvent. Tantôt de l’igname pilée, tantôt du atchieke ,du tchep et que sais-je encore? L’environnement est  à peine accueillant mais les places assises toutes occupées par une horde de clients affamés. En effet, mieux que des restaurants chics, ces vendeuses de nourriture de quartier se font par jour un chiffre d’affaire qui frise l’insolence.

Faisons ensemble un petit calcul pour se rendre compte de leurs recettes journalières. Les plats s’élèvent généralement  à 1000 francs ou 1500francs . Tablons sur un minimum de 1000 francs le plat. En considérant que ses vendeuses servent en moyenne 150 plats par jour, cela leur fait une recette quotidienne de 150000, soit un chiffre d’affaire mensuel qui avoisine les 3.750000 (pour 25 jours de travail ) dans un pays où le SMIG tourne autour de 25000 francs Cfa et le salaire d’un ministre s’élève à un peu plus d’un million.

Vous en pensez quoi ? Enorme n’est-ce pas?

Voilà l’activité de ces dames qui faut-il le souligner ne payent aucun impôt, n’ont pas beaucoup de charges à part les produits destinés à la préparation des repas  et surtout n’ont aucune obligation particulière vis -à vis des clients quant à leur rythme de travail.

Libre de toutes contraintes, c’est donc ainsi que plusieurs femmes de Cotonou se forgent une fortune à l’instar d’autres catégories sociales et nourrissent indirectement des centaines de personnes. Alors, les repas populaires étant devenu un marché porteur, ne-devrions-nous pas penser à encourager ce secteur ? Nos étudiants diplômés sans emplois, accepteront-ils de se lancer  dans ce genre d’activités? J’en doute! Car généralement trop fiers, trop prétentieux!

On se demande alors c’est quoi le plus important ? Les revenus ou la perception qu’on a du travail ? Personnellement, j’ai déjà fait mon choix !


Revue de Presse à Bord!

Il  sonne 20h 15, je suis dans le bus de la villebus benafrique et les esprits s’échauffent ! Tout le monde veut se faire entendre ! Vous vous demandez sur quoi certainement ! Ou encore s’il s’agit d’une dispute ? Non ! Même si il lui ressemble plus, mais j’assiste à un débat sur l’actualité nationale….

Depuis plusieurs jours en effet, les habitants de Cotonou en général et moi en particulier faisons une nouvelle expérience routière. Celle des bus de la ville qui ont d’ailleurs été accueilli avec soulagement par toute la population à cause du nouveau tarif  et de la sécurité certes mais peut être aussi à cause de la convivialité et du brassage qu’ils offrent.

Car, en langue nationale généralement, femmes et hommes, revenant du marché ou d’horizons divers après s’être émerveillé sur le bus en question pour les novices se retrouvent  pour critiquer de manière assez virulente le pouvoir en place, ses différents acteurs ou à féliciter telle ou telle action de ce dernier. Des mises en gardes aux appels aux secours en passant par des propositions, on assiste donc à des débats autour de tous les sujets . De ces discussions jaillissent néanmoins selon moi de brillantes interventions d’analphabètes . Mais loin de ce facteur, l’élément que je trouve extraordinaire dans cette pratique c’est la diversité et l’aisance de parole dont font preuve les intervenants qui ne se sont jamais rencontrés.

Je n’ai pas encore l’expérience des bus urbains des pays voisins mais je pense qu’on est loin du cliché observé dans les pays développés où les comportements dans le bus sont austères et sans intérêts.

Bien entendu, je mets l’accent sur l’humanisme particulier qu’on connaît à l’Afrique qui pourrait faire des bus à Cotonou des lieux incontournables pour prendre connaissance de l’avis de la population sur la politique de l’Etat . Car ceux qui représentent le peuple, ce ne sont pas des intellectuels en cravate mais la majorité silencieuse c’est-à-dire le menuisier autodidacte ou encore la bonne dame du quartier qui vend des tomates.


Le Bénin aura bientôt son premier Meet-Up!

Si je vous dis Sunu, vous pensez certainement au Sénégal n’est-ce pas? Et si je dis Akendewa?…vous pensez à la Côte d’ivoire j’imagine. Alors qu’elle expression vous rappelle le Bénin?…je doute que vous en trouver un car ces pays sus-cités ont déjà la culture des rendez-vous numériques ou Meet-up comme on les appelle communément.
Événement donc courant désormais dans la sous -région, le premier Meet-Up béninois aura lieu très bientôt. Une journée consacrée à la promotion et à une meilleure utilisation des outils du Web 2.0, c’est ce que veulent faire pour cette première édition le Tech hub EtriLabs en partenariat avec une jeune passionnée d’Internet.

En effet, les deux initiateurs organisent un Meet-Up dénommé Beninmeetup pour faire découvrir et présenter « l’utilisation très complexe du Web 2.0 dans un environnement particulier comme le Bénin ».
Aussi, cet événement veut combler un vide en matière de réseau national de blogueurs ou de fan du Web. A l’instar de #kebetu au Sénégal ou de #kpakpatoya en Côte d’ivoire, #Ifemeetup veut être pour le Bénin le début de grandes actions web innovatrices et positives pour tous les acteurs de la société.
Cette rencontre est adressée aux développeurs web et mobile, aux Community Managers, aux blogueurs et aux fans du web.

Pour promouvoir cet évènement et faire participer les acteurs, une page « Event » a été créée sur Facebook sur ce lien

Il est totalement gratuit et aura lieu le samedi 13 octobre 2012 dans les locaux du centre Etrilabs à Zongo à Cotonou.

Si vous êtes intéressés voici le programme, mais en venant n’oubliez pas votre ordinateur, Smartphone ou tablette.

Programme:
14h00:mise en place
15h 00: Démarrage du Meet-Up
15h10 : Mot de bienvenue de l’hôte
15h 30 : Présentation des participants
16h00 : Présentation et débat sur « comment améliorer et utiliser de manière plus efficiente son réseau numérique dans l’environnement particulier du Bénin ? »
16h30 : Pause cocktail
17h 00: -Echanges sur la périodicité du meetup ;
-Mise en place du réseau des bloggeurs, développeurs et Twittos béninois ;
-Suggestions des participants pour la pérennité du réseau et des meetups.
18h00 : Visite du Tech hub
18h30 : Mot de fin et rappel des acquis de l’évènement
19h 00: Clôture du Meet-Up de l’évènement

Ce programme est susceptible de modification.


silence coupable!

 Nouvelle forme de délinquance et d’escroquerie en vogue, la cybercriminalité semble tolérée, en tout cas très peu réprimée sous les tropiques. Le phénomène, qui englobe les piratages réseaux et l’arnaque sur Internet, prend de l’ampleur et aucune mesure radicale n’est prise. Nous nous intéresserons dans cet article à sa forme la plus courante en Afrique, l’arnaque sur Internet, qui croît sans cesse et qui inquiète. Enquête…

Lundi, 24 septembre dernier, nous nous sommes rendues dans un cybercafé en plein cœur de Cotonou, dans un quartier chic de la ville. A notre arrivée, l’ambiance était assez détendue et, la salle de 15 places, presque pleine. Après avoir, nous-même, acheté une heure pour « naviguer », nous nous sommes installées près d’une personne dont l’allure et la concentration trahissaient l’appartenance au réseau des « gaymen » comme on les appelle communément ici. Prétextant que notre ordinateur se plantait trop, nous l’abordâmes pour lui demander son aide et, ainsi, ouvrir une discussion. Quand notre problème fût résolu et qu’un climat de confiance se fut installé, nous le remerciâmes et le priâmes de bien vouloir nous aider pour une étude concernant son activité. Refus catégorique et menaces de nous sortir du cyber si nous insistions.

Mais fort heureusement, grâce à la langue que nous utilisons (le yoruba), quelques instants après, deux jeunes hommes vinrent vers nous pour comprendre la réaction de leur pair. Nous leur expliquâmes alors que nous menions une étude anonyme, sans aucune conséquence ultérieure sur leurs activités. A notre grande surprise, ces deux jeunes hommes, assumant pleinement leur activité et ne craignant aucune forme de représailles, acceptèrent de répondre à nos questions en toute liberté.

Sans détour, nous cherchâmes à comprendre pourquoi ils exerçaient cette activité. Leurs principales raisons, assénèrent-ils, le chômage et l’appât du gain facile. Nous embrayâmes sur cette réponse et demandâmes s’ils accepteraient de changer d’activité au cas où on leur proposerait la réinsertion dans une vie professionnelle respectable. La réponse, automatique, fut non ! Selon, le plus âgé, « Aucun métier ne paierait aussi bien que l’arnaque sur internet ». Pour mesurer l’ampleur du phénomène du point de vue des gains qu’il génère, nous voulûmes savoir combien ils gagnaient par mois. « Avec beaucoup de chances, entre 3000 et 9000 euros », répondit le second. Si l’activité est aussi rentable, on comprend pourquoi ils s’y adonnent et n’entendent pas en sortir. Mais savent-ils seulement les risques encourus ? Oui, répondirent-ils de la tête, avouant qu’ils ont parfois peur mais que depuis 4 ans qu’ils y sont, ils n’ont jamais été inquiétés. Ils assurent par ailleurs prendre des précautions puisqu’ils « traitaient avec des banquiers ». Là-dessus, ils refusèrent d’être plus explicites sur leurs précautions. Mais alors, pensent-ils que cette activité peut se mener sur le long terme ? « Oui, pour les personnes intelligentes qui s’investissent et ne s’engagent pas dans d’autres activités en plus », ont-il répondu ; l’un d’entre eux précisant que leurs activités se développaient et que lui continuerait jusqu’à ce que ses projets se réalisent.

Dans le même temps, le gérant du cybercafé suivait nos échanges. Nous nous rapprochâmes alors de lui pour savoir s’il voulait bien nous aider. Il répondit que nous avions assez occupé son business aujourd’hui et qu’il ne se prêterait à nos questions que le lendemain.

Mardi, 25 septembre, 14 heures, retour au cybercafé. Nous nous rapprochons du gérant pour lui rappeler sa promesse de la veille. Après 1h 30 d’attente, il nous appela pour prendre connaissance de nos préoccupations. Nous voulûmes alors savoir s’il était au courant des activités de ses clients. Répondant par l’affirmative, il ajoute que ceux-ci constituent sa plus fidèle clientèle. « Et vu que les ménages ont de plus en plus accès à Internet désormais, poursuit-il, si ces gaymen n’avaient été là, j’aurais fait faillite et serais certainement au chômage depuis. « On fait avec » conclut-il impassiblement. Il ignore peut-être que si ses faussaires de clients venaient à être découverts, il serait accusé de complicité. Nenni ! Notre gérant dit être parfaitement au courant des risques mais estime « qu’il suffirait simplement de soudoyer les forces de l’ordre pour qu’elles abandonnent les poursuites, d’ailleurs elles ne sont jamais venus par ici…»

Des policiers corrompus ?


La liberté d’expression est-elle menacée au Bénin?

Suite au bref passage de l’avocat et ex partisan du président, Me Lionel Agbo au commissariat central de Cotonou, on en vient à se demander à quoi riment toutes ses convocations d’hommes politiques au poste de police. En effet, le jeudi 26 avril dernier aux environs de 9 heures, Patrice Talon, parti libre de tous ses mouvements au commissariat central de Cotonou s’y est retrouvé garder à vue. Hier 21 septembre, ce fût le tour de l’ancien conseiller et ami du Chef de l’Etat de se soumettre aux interrogations du commissaire suite à des déclarations dites « diffamatoires ».  Après un interrogatoire plutôt vide, il a été relaxé quelques heures plus tard. Alors, si des propos d’un citoyen quant à la gouvernance nationale suffisent pour conduire ce dernier devant les instances judiciaires, où en est la liberté d’expression dans notre pays ? Le commissariat de police est-il juste devenu un lieu pour effrayer des auteurs de propos allant à l’encontre du gouvernement en place ?

Revenons un peu sur l’épisode Agbo qui a passionné les débats ces derniers jours…

Ce fût lors d’une conférence de presse que l’homme politique aguerri, qui a renoncé récemment à son poste de porte-parole du chef de l’État a passé au peigne fin, différents dossiers de l’actualité nationale.

Pour Me Lionel Agbo, une «grande» corruption gangrène l’entourage immédiat du Chef de l’Etat qui en est conscient. Il va plus loin en affirmant que le projet de «révision de la Constitution du 11 décembre 1990, n’est pas terminé». «Des gens sont dans l’ombre et travaillent pour le maintien du Chef de lEtat au pouvoir en 2016 par un mécanisme tronqué de révision de Constitution» a- t-il clamé.

Allégation vérifiée ou non, elles ne sont pas tombées dans les oreilles de sourd car ceci lui a valu une convocation judiciaire…

Les faits rappelés, essayons d’analyser la suite…

Me lionel Agbo a longtemps été conseil juridique du président, il n’est alors pas un néophyte en quête de reconnaissance. D’ailleurs, «l’homme à l’imagination fertile» n’a-t-il pas toujours été fort apprécié pour son intégrité et impartialité ? Ceci témoigne donc de la probable véracité de son discours.

Est-il allé trop loin ?

Je ne pense pas, car étant dans un Etat de droit la liberté d’expression et d’opinion fait partie des prérogatives fondamentales de tout citoyen pourvu que cela n’entache pas la paix.

En plus, nous avons assisté et nous assistons toujours dans les grandes démocraties à de virulentes critiques à l’égard du pouvoir en place mais cela n’en jamais entraîné des mesures aussi draconiennes. Nous pouvons donc nous interroger sur la liberté d’expression au Bénin qui du fait de ses agissements s’effrite dangereusement.

Par ailleurs, le Chef de l’Etat ne devrait-il pas s’attendre à ce type de réaction en proposant à son ancien opposant de devenir son conseil ? Ne devait –il pas craindre que ce dernier prenne connaissance de certaines tares de la république ?

Ou bien, il s’agit là d’un règlement de compte….

Nous ne saurons le dire mais une chose est certaine beaucoup ont sorti des livres pour traîner dans la boue d’anciens présidents. Mais ils n’ont jamais été victimes d’un tel traitement.

In fine,

Pour conserver la quiétude dans notre pays, dépassionnons les discussions! Et ne nous y trompons pas! Nul n’est parfait dans ce monde car le pays a besoin d’avancer, et dans cette ambiance de polémique au quotidien, ce serait quasi impossible.

Aussi, il urge de savoir que « Le silence est plus éloquent que n’importe quelle réponse. Outre qu’il nous honore, il nous fait l’économie d’une dispute » et comme le précise Jérôme Carlos, « Il y a un temps pour ne rien dire ; il y a un temps pour parler ; mais il n’y a pas un temps pour tout dire ».