Et si Facebook nous rendait narcissique ?
« This is why you shouldn’t take people’s Facebook lives seriously », c’est le titre d’un article que j’ai lu ce matin sur Gizmodo, un site anglais (malheureusement). D’ailleurs en parlant d’anglais, vous vous y mettez quand à l’apprendre ? Sinon, vous pouvez toujours vous contenter comme moi de la médiocrité de Google Translate en attendant.
Bref on s’éloigne là !
Alors je me demande aujourd’hui si Facebook nous rend narcissique, ou devrais-je dire plus narcissique pour ceux de nature « grosse tête ».
Je ne vous le cache pas, j’ai mes hypothèses sur le sujet et même une théorie mais commençons par clarifier les concepts ! Narcissique ça veut dire quoi ? Petite recherche sur Wikipédia et voilà la définition du terme du jour : Le narcissisme est le fondement de la confiance en soi. Lorsqu’il est défaillant, le terme peut désigner l’importance excessive accordée à l’image de soi. Le dictionnaire commun le définit comme « contemplation de soi ou attention exclusive portée à soi. »
Ok ! Facebook nous donne-t-il cette impression ? Mais bien sûr !
Au fond, je suis même persuadée que c’est l’une des valeurs imaginaires et utopiques (comme on dit en recherche) accordée à l’objet Facebook. M. Zuckerberg voulait certainement donner à des milliers de gens la « sensation » d’être des gens importants et suffisants. S’il n’a pas conscientisé cette volonté, elle s’explique très bien quand on se rappelle du personnage qu’il était avant de créer Facebook. Seul et mal dans sa peau (ou pas-je n’étais pas là).
Pourquoi ne mettrait-il pas en place un outil pour donner de la valeur à l’individualisme, à la mise en scène de soi vis-à-vis des autres?
Ma théorie n’est pas très claire, j’avoue mais j’ai lu Gozlan Angélique, qui dit ceci :
« Sur Facebook, les adolescents livrent, par statuts, commentaires ou images, leur conquête de la découverte du monde et leur bataille pour s’inscrire dans un lien social…. Cette mise en ligne d’images et de textes sur soi, par laquelle le narcissisme œuvre, participe à la formation d’une image réfléchie de soi-même.
Les médias sociaux sont à la fois un lieu d’exposition de soi, narcissique et un lieu de rencontre d’objets ».
Une étude menée par Gonzales et Hancock, « Mirror, mirror on my Facebook… » en 2011 a montré que l’usage de Facebook influençait l’estime de soi.
« Les résultats de leur étude révèlent que prendre conscience de soi, en regardant son propre profil sur Facebook, en améliore l’estime. L’article indique que choisir la manière dont on se présente sur les médias numériques conduit à accroître son potentiel relationnel et influence également l’aperception. Ainsi selon ces auteurs, la page Facebook investie fonctionne comme soutien, étayage de l’estime de soi. »
Vous voyez ? On y est pour rien ! C’est la faute à Facebook ! Même ceux qui n’aiment pas la télé réalité théâtralise comme dirait l’autre leurs profils Facebook.
Et puis, que pourrait-on faire d’autre sur ce réseau dont l’objectif est « d’échanger des nouvelles entre proches » ? Sur le site, je lis :
« Facebook vous permet de rester en contact (comment ? de quel type de contact on parle ?) avec les personnes qui comptent dans votre vie (je ne suis pas sûr que mes 2 500 amis comptent dans ma vie et ma mère n’est pas sur Facebook !). »
Remarque, même le vocabulaire du slogan est flou.
On est donc d’accord que la sphère privée n’est absolument pas une obligation sur Facebook alors n’est-ce pas laisser libre cours à la création d’une large « communauté » de fans. En terme plus simple et c’est tout à fait logique, plus j’ai d’amis inconnus dans mon réseau, plus j’essaie de « me vendre ».
Tout le monde ne peut certainement pas se vendre (quand même, il y a des gens super intelligents sur Facebook).
Qu’est-ce qu’ils font?
Partager des articles intéressants ? Une personne normale passerait pour un intello assurément et ça flatte l’orgueil (reconnaissons-le) de voir des likes sur un post dit non « égocentrique ».
Faire une analyse sur un sujet ? Tu passes pour un donneur de leçon et ceux qui partagent le même avis que toi viennent vite te le faire savoir.
Et si la responsable c’était moi plutôt que Facebook ? Qu’est-ce que je fais déjà sur Facebook ?
Petit aperçu de mon identité numérique agissante comme dirait Fanny Georges !
1-Je partage ce que j’écoute avec « mes amis » en ajoutant le petit smileys « déterminé » à côté : Jusque-là rien de grave, à part que je suis très à jour en matière de dernière sortie musicale.
2-Je partage l’image d’une campagne sur la scolarisation des filles au Bénin : Jusque-là, rien de grave à part que je suis sensible à la cause et je sensibilise mes « amis » sur la situation.
3-Je demande à mes amis de me donner les moyens d’avoir une série de journaux normalement archivés du Bénin : Jusque-là rien de grave à part que je suis curieuse et je vais certainement mener une recherche sur les médias au Bénin
4-Je partage un de mes articles : Jusque-là rien de grave, non mes amis vont certainement apprendre beaucoup de choses en le survolant rapidement pour passer à autre chose, à part que dans l’article j’indique que je suis à Paris et que j’ai été sélectionné parmi des candidats pour suivre cette formation.
On continue ? Non, je pense qu’on va s’arrêter là ! Trop de « Je » dans tout ça !
Je viens de me rendre compte que mon profil Facebook réflète une image de moi que je ne suis pas réellement (mise en avant de ma personne, moi ?).
Je disais à l’instant que l’objet Facebook portait des valeurs, fantasmes imaginaires et utopiques (vous me suivez ? C’est comme quand on vous dit qu’internet est gratuit, c’est faux !).
En fait, pour Facebook, il s’agit du pouvoir, de l’hégémonie, de la perfection. Facebook nous vend du rêve pour faire prospérer la plateforme. Je lisais dernièrement sur un blog que j’aime beaucoup :
Quand on tient une position hégémonique, toute la difficulté consiste à se maintenir. Se maintenir implique d’occuper l’histoire, et quand on est un réseau social ça signifie occupe l’espace des petites histoires singulières (nos histoires qui doivent être fortes), individuelles, autrement dit monopoliser les moyens numériques du récit de soi. En l’occurrence il faut inscrire les usagers dans le temps long, créer de la nostalgie (les fils d’actualités que des milliers d’utilisateurs remontent pendant des heures)
En conclusion,vous faites Facebook et si vous avez l’impression d’aimer cette vie où vous faites votre autopromotion plutôt que de rester en contact avec vos amis, sortez de chez vous et vivez le moment présent (laissez les activités passées de vos amis sur Facebook), vous verrez la différence !
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