10 janvier : Fête des religions endogènes au Bénin, que doit-on savoir ?
Généralement chômée au Bénin, le 10 janvier est une journée initiée par le président Nicéphore SOGLO en 1995 pour sceller la laïcité entière de notre nation et celle de ses origines. Elle représente la célébration de la fête des religions traditionnelles. Mais force est de constater que le Vodoun occupe une place quasi supérieure à toutes les autres croyances endogènes. Pourtant, il existe plusieurs autres divinités du même type. Qu’en-est-il réellement ? Comment célèbre-t-on cette fête propre au pays du roi Béhanzin ? Quelle place occupe aujourd’hui ces cultes ?
En effet, on peut déjà répondre à une interrogation en disant que le vodoun est aussi complexe et pluriel. Pluriel car il existe une multitude d’adorations. Le créateur serait, d’après les adeptes du culte vodou Mawu et Lissa incarnation des principes masculin et féminin. De Mawu et Lissa seraient nés quatorze enfants dotés de pouvoirs surnaturels, ceux-ci auraient eu comme descendants Chango, ou Gou, le dieu du tonnerre, Sakpata, le dieu de la terre. A ces dieux principaux qui constituent la base du vodou, viennent s’ajouter d’autres dieux subalternes, que des chercheurs béninois ont pu identifier au nombre de 260. Sur ce point, on peut citer les exemples suivants :
Hêviosso, vodou du tonnerre, de la foudre, Lègba, vodou à la fois généreux et puissant, Ninssouhoué, représentant des ancêtres, à qui on doit la vénération, Tohossou, c’est un dieu qui s’incarne dans le sein de la femme dite innocente. Ou encore, Abikou, dieu bienfaiteur pour les enfants anormaux, Hovi, sorte de divinités extrêmement vénérées qui sont en fait des jumeaux, leurs mères jouissent d’une considération particulière.
Ce qui explique sa primauté sur les autres croyances autochtones telles que le « tron » également célébré le 10 janvier.
Comment cette fête est-elle célébrée ?
Moment de réjouissance des milliers d’adeptes des cultes traditionnelles, les manifestations officielles se déroulent cette année à Natitingou après l’édition dernière à Lokossa. On assistera certainement comme à l’accoutumée aux sacrifices liés à cette commémoration. Et plusieurs bêtes seront immolées pour conjurer le mauvais sort et bénir le Bénin.
Quelle place occupe dans nos sociétés actuelles ces pratiques endogènes et culturelles ?
Dans un reportage sur une chaîne locale très récemment, j’entendais un prêtre du culte vodou s’exprimer comme suit
« Le vodou protège tous les habitants de la ville où il est implanté. Il est aussi bien capable du bien comme du pire. Si tu lui demandes par exemple de rendre ton commerce florissant, il le fera mais tu ne devras sous aucun prétexte oublier d’honorer tes promesses »
On peut donc dire que les cultes de chez nous occupe toujours une place importante dans la vie quotidienne des populations car faut-il encore ajouter que dans un environnement où les religions exportées remplissent la foi des béninois, ils se retournent aussi souvent qu’ils le peuvent vers les réalités endogènes précieusement conservées par les gardiens de la tradition, de génération en génération…
Alors, la fête des religions traditionnelles est non seulement la plus importante pour les adeptes des cultes endogènes mais représente aussi l’expression même de la culture béninoise.
Cependant, cette richesse africaine souvent assimilée au mal à cause des pratiques invisibles et occultes qu’elle implique et de son manque de modernisme attire souvent des critiques qui la considèrent comme une pratique rétrograde.
Comment peut-elle donc participer au développement du Bénin en particulier et de l’Afrique en général ?
Aussi, si l’on doit saluer l’effort fait par le gouvernement actuel pour accompagner cette célébration, on se demande pourquoi son chef ne participe jamais aux célébrations officielles depuis son accession au pouvoir…
Sinathlafricaine
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