Internet en Afrique: Déjà accessible aux populations analphabètes!

Article : Internet en Afrique: Déjà accessible aux populations analphabètes!
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1 mai 2013

Internet en Afrique: Déjà accessible aux populations analphabètes!

De tous les genres journalistiques, je crois que celui qui me réussit le mieux finalement est l’interview. D’ailleurs, l’article le plus lu sur mon second blog est une interview. Alors, j’ai décidé d’en faire plus souvent.

Il y a quelques jours, en me promenant sur le Net, je suis tombée sur une entreprise qui s’est lancé le défi de rendre accessible à TOUS les nouvelles technologies. J’ai trouvé ce qu’elle faisait génial et j’ai contacté le président de cette boîte qui se dénomme justement « Boîte à Innovations ». Après plusieurs échanges, je lui ai demandé  de m’accorder une interview pour mon blog car ce qu’il faisait méritait d’être vulgarisé le plus possible. Pour nous, il s’est confié.

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Sinathlafricaine: Bonjour Monsieur Tony Simard,  présentez-vous à nos lecteurs.

Tony Simard: Je suis Tony Simard, Canadien, Québécois et Président fondateur de la Boîte à innovations (BAI), un homme qui aspire à favoriser l’acquisition d’une nouvelle dynamique du développement en Afrique depuis plus de 35 ans, en respect et en valorisant l’intelligence collective africaine qui est véhiculée au travers des langues et des cultures africaines et maintenant par le biais des technologies et ce,  grâce aux investissements de la Boîte à innovations.

Sinathlafricaine: Parlez-nous de votre amour pour le continent Africain et pour le Bénin pour qui vous sacrifiez votre temps et votre énergie

Tony Simard: Partout dans le monde, nous assistons aujourd’hui à un tsunami technologique et sommes entré de plein pied dans le nouveau millénaire par les nanotechnologies, les biotechnologies, les technologies informatiques, de l’information et les neurotechnologies. L’internet est l’outil idéal pour transmettre et participer à cette révolution technologique. Les secteurs de l’éducation, de la santé, de l’environnement, des matériaux, de la finance, de l’habitat, de l’ingénierie, de l’agriculture, de la robotique, de la culture et du commerce sont directement touchés et remis en cause par le foisonnement technologiques et offrent aux entrepreneurs de nouvelles opportunités. Des ruptures s’annoncent inévitables et des bonds spectaculaires permettront d’intégrer de nouvelles technologies.

Cependant, nous constatons que l’Afrique est exclue des bienfaits et des retombées développementales du fait de l’absence d’accessibilité aux technologies lié à l’analphabétisme, à l’illettrisme numérique, au fait de ne pas savoir utiliser un ordinateur et à l’absence de stratégie d’accessibilité aux outils informatiques qui ne cessent de diminuer de coût.

Avec 3,4 % de taux de pénétration de l’internet au Bénin, 12 % au Sénégal, et 9% en moyenne en Afrique, le défi est énorme. Pour favoriser et accélérer le processus d’appropriation technologique par les populations africaines, nous avons développé de multiples outils, interfaces aux multiples fonctionnalités et développé plus de sept modules de formation, avec des ingénieurs et concepteurs béninois, pour adapter et valoriser l’appropriation technologique dans les langues africaines à travers le web, le téléphone mobile et les tablettes tactiles. Ce faisant, l’acquisition de nouveaux savoirs et le développement de nouvelles compétences en micro finance, en alphabétisation, en mathématiques, en informatique et en internet, dans les langues fon, yoruba , bariba, wolof et pulaar s’effectuent en même temps par le biais de nos approches intégrées d’alphabétisation et de lettrisme numérique utilisant le Vlearning c’est-à-dire le vidéo apprentissage.

Lorsqu’une personne analphabète s’approprie les technologies de la Boîte à innovations du savoir lire, écrire, calculer, utiliser un ordinateur et internet en même temps dans sa langue maternelle et en français voir l’anglais c’est un nouveau monde qui naît  de nouveaux espoirs qui se dessinent et  de nouvelles opportunités qui apparaissent. C’est l’affirmation de soi, l’estime de soi, la confiance en soi qui se développent et qui provoquent à son tour la démystification et la disparition de la peur des technologies, la peur de l’ordinateur associé à la sorcellerie du blanc.

Si l’Afrique ne prend pas le virage technologique qu’offre l’informatique et l’internet maintenant,  les mêmes rapports de domination, d’exclusion et d’incompréhension perdureront durant le prochain siècle. Il est temps que l’Afrique s’affirme par les technologies dans ses langues et en valorisant ses cultures souvent millénaire. Il est impératif que l’Afrique prenne sa place dans le concert de la recherche de solutions pérennes et viables face aux enjeux mondiaux, nationaux et locaux qui bouleversent notre époque notamment les enjeux liés au changement climatique,  ceux lié à la sous scolarisation des pays africains et ceux liés au chômage des jeunes.  Comment voulez-vous que l’Afrique prenne sa place lorsqu’elle n’a pas accès aux réseaux mondiaux?

Notre amour de l’Afrique et notre passion pour le développement à la base nous a poussé à développer ses technologies pour les rendre accessibles au plus grand nombre de personnes en tenant compte de ce  qu’elles sont et de leur pouvoir d’achat. Point d’égalité entre les hommes sans égalité à l’accès aux technologies.

Sinathlafricaine: Est-ce que c’est facile pour un Canadien que vous êtes d’entreprendre en Afrique et  au Bénin notamment ?

Tony Simard: Il n’est pas facile d’investir et d’innover en Afrique. Il faut y croire et avoir une vision à long terme. Intégrer de nouvelles innovations si pertinentes soient-elles suscite de l’intérêt et de la méfiance.

Le changement fait peur. Mais ceux qui sont leaders en Afrique sont ceux qui intègrent le changement et influent sur de nouvelles dynamiques d’acquisition des connaissances et de nouvelles compétences. Changer sa manière de voir, d’écouter, de partager est foncièrement importante aujourd’hui. Être un artisan du changement, s’adapter et favoriser le changement pour rendre accessible le savoir et l’information demande l’appropriation de nouvelles attitudes, de nouvelles valeurs où l’intelligence collective devient la norme voire la nécessité. Apprendre, apprendre et apprendre toujours et toujours dans un processus sans fin. Ce qui est vrai aujourd’hui ne le sera plus demain. Le monde bouge, l’Afrique bouillonne et les jeunes veulent le développement maintenant.

Entreprendre demande un changement du rapport aux risques, un changement de rapports sociaux où chacun contribue à mettre ensemble de nouvelles idées, de nouvelles solutions. Entreprendre demande  une nouvelle dynamique intergénérationnelle et une nouvelle dynamique internationale. L’Afrique a le potentiel, les ressources et la jeunesse pour entreprendre.

Sinathlafricaine: Est-ce que le peuple  Béninois, les institutions béninoises, les ONG sont prêtes à investir dans le développement des technologies. Sont-ils prêt à prendre les risques nécessaires, à changer leur attitude d’attendre et de voir? 

Tony Simard: Le Bénin offre de nombreux avantages aux investisseurs comme le fait de disposer de main d’œuvre qualifiée et un coût abordable pour la production. Cependant, la lenteur des organisations, leur manque de réactivité, le manque d’anticipation  face aux opportunités qu’offrent les réseaux mondiaux, l’internet  et surtout les technologies de BAI font perdre beaucoup d’argent aux institutions du  Bénin.

Sinathlafricaine: Vous avez présenté une communication aux ICT Days 2013 . Quelles ont été les retombées sur vos activités au Bénin?
Tony Simard: Les retombés ont été plutôt, à court terme,  à l’endroit du Gabon qui a été plus pro actif à intégrer nos technologies. D’ores et déjà un projet avec la Banque Mondiale est dans le pipeline au Gabon. Au Bénin, malgré l’intérêt marqué des autorités le développement est plus lent. Le Béninois n’aime  prendre aucun risque. Il faut que sa tourne, que cela soit développé, que ça soit entièrement utilisé par tous avant prendre prendre un risque. À trop attendre, nous ratons les rendez-vous avec l’histoire. Et aujourd’hui, la Boîte à innovations invite tous les Béninois à être au rendez-vous avec l’histoire. Ne pas le comprendre c’est accepter que la même logique de domination persiste durant les deux cents prochaines années. Il est impératif que l’Afrique intègre les technologies.

Sinathlafricaine: Votre mot de fin
Tony Simard: Consulter et utiliser notre site internet  www.alphaomedia.orghttps://boiteainnovations.com et le Facebook de la Boite à innovations. En tant que blogueuse sur les TIC vous avez un rôle essentiel à jouer  et je vous félicite pour le travail que vous ferez pour que chaque béninois, chaque africain ait accès aux technologies et aux savoirs. La Boîte à innovations  favorisera l’accès aux outils les plus conviviaux et simple d’utilisation pour que nous soyons des artisans du développement et du changement afin que d’augmenter la qualité du niveau de vie en Afrique et au Bénin.
Merci à vous et bon courage!

 

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Commentaires

Aphtal CISSE
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Pourquoi ton gars là parle gros français comme ça?

Lookma Design
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Une interview constructive et professionnelle mettant en évidence une réalité bien triste mais toujours plein d'espoir.
Merci

Sinatou SAKA
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Merci !!!

nathyk
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Très bonne idée, idées innovantes ! Superbe interview Sinath !

Sinatou SAKA
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thanks :)

rose
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Très intéressant et bien de choses reste encore à venir pour ce qui est de la relation entre les TIC et les personnes ne sachant ni lire ni écrire. Bonne interview Sinath!

Sinatou SAKA
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merci Rose :)