A la rencontre d’amoureux du Bénin à Grenoble
En ce soir du 26 novembre, mon téléphone sonne. C’est Mme Giovanetti qui m’appelle pour discuter. Elle fait suite à ma demande de lui rendre visite au siège de son association qui mène des actions au Bénin. Des personnes comme Mme Giovanetti, pour une raison ou pour une autre, j’en croise de plus en plus. Certainement parce que leur nombre ne cesse de croître et leurs domaines d’intervention de s’élargir. Certaines interviennent dans l’éducation, d’autres dans la santé ou encore dans la formation. Il y a quelques jours, on a été mis en contact grâce à une connaissance commune. Je leur avais promis de passer les voir à leur siège à Fontaine, une ville à l’ouest de Grenoble. Ils étaient heureux de trouver une béninoise à Grenoble qui s’intéresse à leurs activités et moi, j’étais curieuse de savoir ce qu’ils font depuis 5 ans au Bénin et quelles sont leurs motivations. En fait, je crois qu’au fond de moi, je cherchais cette source d’espoir qui allait me permettre de penser un avenir meilleur pour mon pays parce que dernièrement je désespère.
Nous sommes en fin de journée,Mme Giovanetti m’explique que de main en main est « une association de rien du tout ». Pourtant, les réalisations de cette associations sont très encourageantes. Avec son époux, ils ont une cinquantaine d’années et aujourd’hui à la retraite. Le couple me raconte son histoire quand je leur demande pourquoi le Bénin?
« Nous avions envie de voyager autrement, de partir en quittant habitudes et certitudes. En partant vers l’inconnu en 2009, nous n’aurions pas imaginé l’impact sur nos mémoires des moments vécus avec chaque personne rencontrée, ni prévoir que notre vie s’orienterait jusqu’à présent autrement. Ni comprendre qu’un certain regard nous permettrait de voir l’utilité de créer une synergie entre nous » répondent-ils.
Cette réponse m’interpelle et je questionne le couple sur les conséquences de ce voyage solidaire.
« C’est vrai qu’en ne manquant de rien, nous constatons tout ce qu’il y a de superflu, voir que l’on a vraiment besoin de moins et cela nous aide à voir et à comprendre ceux qui n’ont vraiment rien d’où l’idée, les actions de recherche et de récupération du matériel ici, d’envoi et d’installation du matériel là bas » disent-ils.
A ce niveau de la discussion, je ne comprends toujours pas pourquoi ces français ont décidé d’agir au Bénin plutôt qu’au Togo ou au Sénégal. Ils m’expliquèrent donc qu’il s’agissait avant tout de rencontres humaines marquantes qui vous changent et orientent votre avenir. Je suis touchée par ces phrases à l’endroit des miens et tellement ravie de voir comment Mme Giovanetti présente les dernières activités de l’association au Bénin. Elle me parle avec enthousiasme et fierté du centre BETHESDA de LOKOSSA que l’association a contribué à réhabiliter, de l’installation de mobiliers dans les écoles et de l’opération « Toutes les filles à l’école » en cours actuellement pour soutenir 21 jeunes filles.
Malgré toutes ces belles actions,Mme Giovanetti me parle d’un projet qui semble lui tenir très à coeur, reconstruire le toit d’une école à Tozounmé. Le collège de Tozoumé est fréquenté par 429 élèves et 42 enseignants qui viennent de 5 villages différents. La distance à parcourir est de 1 h à 1h 30 de marche pour tous les enfants de la 6ème à la 3ème. Cependant, le toit de l’école s’effondre à la saison des pluies en janvier 2014 et aucun représentant de l’état, des médias, ne s’informe de l’état de santé des enfants, des enseignants – ne se déplace pour constater les dégâts.
« Qu’on ne soit pas toujours leurs porte-parole »
« C’est génial tout ce qu’ils font » me dis-je lorsqu’elle m’informa que l’association « DE MAIN EN MAIN » expose actuellement au Collège Jules Valles de Fontaine, 110 poèmes et dessins sur le thème « DESSINES-MOI OU RACONTES-MOI TA VILLE ». 110 enfants et jeunes béninois de 2 collèges de LOKOSSA témoignent et confient leur espérance dans ces poèmes. C’était l’occasion de donner la parole aux enfants clame-t-elle.
Je suis émerveillée par l’engagement de ce couple mais une interrogation me taraude sans cesse l’esprit et j’ose finalement la poser à mes interlocuteurs: N’est ce pas un peu de l’assistanat tout ça?
« Non, nous leur donnons les moyens dont ils ont vraiment besoin » . Elle me fait comprendre qu’il est très facile pour moi de parler d’assistanat, moi qui ai la chance de poursuivre mes études en France. « Ces enfants ont soif d’apprendre, ils sont heureux de recevoir ce qu’on leur apporte » ajoute-t-elle. A t-elle tort de penser ainsi? Ma position de « privilégié » me joue t-elle des tours? On en parle une prochaine fois…
L’association de Main en Main participe à l’entrepreneuriat en récupérant du matériel professionnel, des machines, des outils pour soutenir les initiatives locales en améliorant les ateliers existants.
La discussion se poursuit, nous parlons de mes projets, de mes envies, des leurs et au bout d’une demi-heure, je vais mieux, je n’ai pas plus confiance en l’avenir mais je suis persuadée qu’ « Un chemin de mille lieues commence toujours par un petit pas ».
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