Bénin : Ces classements qui sonnent faux !

11 juin 2013

Bénin : Ces classements qui sonnent faux !

gouv.bj
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Plusieurs classements internationaux, dernièrement le classement Doing in Business placent le Bénin en bonne posture. Pourtant, la réalité est tout autre. En plein mois du service public, j’ai décidé de m’arrêter sur ces classements.

La dernière sortie médiatique du Secrétaire permanent du Conseil Présidentiel de l’Investissement laisse croire que le Bénin excelle mieux en bonne Gouvernance et dans la lutte contre la corruption. En témoigne aussi le dernier classement de l’Indice Ibrahim de la Gouvernance africaine (IIga) de la Fondation Mo Ibrahim selon lequel le Bénin occupe tout simplement la première place dans l’espace Uemoa.

Le Bénin semble donc tirer son épingle du jeu. Ces classement place le Bénin devant des pays comme le Sénégal (16ème en Afrique) et la Côte d’Ivoire (47ème en Afrique). Le Bénin devance également des pays comme le Maroc (15ème en Afrique), le Gabon.

Cependant, où est-ce que le bas blesse ?

Il y a quelques jours, j’allais avec un ami demander une pièce administrative dans un service public.

Mon interlocuteur me dit que ce sera prêt dans une semaine.

Mon ami me demande alors si ça me convient, je réponds non avec un signe de tête.

Alors il prend en aparté notre interlocuteur, le soudoie (certainement) et  dès qu’il revient notre interlocuteur me sourit…

Je repose la question: –Je reviens quand retirer la pièce ?

Il dit alors « demain ».

Mon ami me jette un regard et on s’en alla.

Je ne suis pas fière de cette action, loin de là et j’en ai lourdement discuté avec mon ami mais voilà le vrai visage du système béninois.

Au-delà de cette expérience personnelle, le Bénin ne peut pas être premier en matière de lutte contre la corruption. J’aurais bien voulu ne pas dire ça mais le contraire serait mentir tout simplement.

La mauvaise gestion de la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss) par son Directeur général, René-Auguste Yérima est au cœur de l’actualité en ce moment. « Depuis qu’il est arrivé là, la caisse a déjà perdu plus de 2 milliards de par son fait… », a déclaré le Président du Conseil d’administration (C.A) de la Caisse nationale de sécurité sociale, Sébastien Ajavon. Il a aussi dénoncé le pillage systématique des ressources à des fins personnelles, le bradage des domaines de la Cnss et les prises de décisions sans l’avis du Conseil d’administration.

Par ailleurs, depuis 2012, le Bénin a connu chaque mois, presque chaque semaine, un couac supplémentaire, et des crises  non moins graves. Plusieurs crises majeures ont été déclenchées et n’ont pas été solutionnées  à ce jour: Notamment la crise du PVI , la crise du coton, le scandale du port sec Tori,  le scandale du chantier de construction du parlement, l’éléphant blanc de Maria Gléta et au cœur de toutes ces affaires, corruption et népotisme.

Et la liste de ces affaires n’est pas exhaustive car rien que pour ce début d’année 2013 on peut citer : Les résultats du dernier concours du recrutement à la Fonction Publique, Le cambriolage de la caisse centrale du Trésor public, Le dossier des 74 robes pour magistrats et greffiers à plus de 80 millions de francs, affaire SONACOP(Société nationale de commercialisation des produits pétroliers) qui a défrayé la chronique avec au finish, le limogeage et la mise sous mandat de dépôt du directeur général de ladite société, Expédit Houessou etc..

Dur donc de croire à la place du Bénin dans ces classements internationaux !

La gestion des entreprises publiques est problématique au Bénin. Les difficultés de gestions des sociétés d’Etat de notre pays continuent d’être mises à nu.

Et même si après tous ces scandales, le gouvernement a pris ses responsabilités en envoyant des auditeurs externes dans plusieurs structures publiques, puisque les auditeurs internes ont relativement montré leur inefficacité.

C’est de toutes les manières, le médecin après la mort…

De toutes les façons, la saignée de la corruption au Bénin est loin d’être fini. Permettez-moi donc de  prendre très peu au sérieux ces classements si « fiables ».

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Commentaires

Mylène
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Sincèrement, je ne sais pas ce que valent tous ces classement, mais ils ont au moins le mérite de faire parler des problématiques sur lesquelles ils portent. La preuve, tu viens de le faire toi-même, certes, pour les dénoncer, mais tout de même... Voilà comment je les considère, comme des "outils" à considérer parmi d'autres. Et je le dis d'autant mieux que les territoires caribéens sont généralement mal classées, dans la majorité des cas.

Sinatou SAKA
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Triste réalité Mylène, on en arrive même à douter de la qualité de ceux qui réalisent ces classements!....