Exposition inédite au Bénin : A la découverte du monde des médias
« Valoriser pour une première fois ces hommes et ces femmes qui se battent tous les jours pour mettre en lumière d’autres personnes », tel est l’objectif de Ange Gnacadja, photojournaliste béninois qui a décidé de dévoiler en grandeur nature, à travers une exposition les conditions de travail des journalistes du pays. En effet, après avoir sillonné plusieurs rédactions avec son appareil photo, Ange nous livre ici le fruit de ses escapades dans un monde aussi tumultueux que passionnant.
Ouvert au public depuis le 10 mai, je suis allée découvrir pour vous cette exposition qui m’intriguait aussi personnellement. Photojournalisme ? Monde des médias ? Qu’allait-il exposer dans un environnement aussi réticent que le Bénin?
Alors très curieuse (vous le savez), je me suis rendue à ladite exposition le lundi 13 Mai au Centre Culturel Chinois et non seulement, j’ai pu découvrir la beauté de ces tableaux, je vous ai concocté une brève interview avec son auteur. Je vous propose donc d’en savoir un peu plus sur le personnage en même temps que quelques photos que j’ai soigneusement choisies pour vous.
(Crédits photos : Ange Gnacadja)
Sinathlafricaine : Bonjour Monsieur Ange Gnacadja, présentez-vous à nos lecteurs.
Ange Gnacadja : Je suis Ange Gnacadja, photojournaliste. La photographie pour moi est une histoire de passion. D’ailleurs j’en fait depuis la quatrième année du cours primaire. J’ai eu la chance d’avoir eu un oncle dans le domaine qui m’a formé et initié. Mais au delà de ça, j’ai également reçu des formations ponctuelles notamment au CESTI de Dakar et à l’Université de Lille en France. Sinon, je me documente beaucoup donc je me considère comme un autodidacte.
Nous sommes en ce moment à une exposition dont vous êtes l’auteur. Pouvez-vous nous la présenter ?
Cette exposition porte sur le monde des médias au Bénin. J’ai choisi ce thème parce que les journalistes mettent toujours en avant les autres et personne ne rehausse leurs images. Aujourd’hui, si le public connait le chef de l’état ou les ministres, c’est grâce aux hommes des médias. Mais personne ne pense à ces derniers. C’est donc en partant de ce constat que j’ai pris la décision depuis 6 ans de chasser des images pour présenter ma propre corporation. Et c’est le résultat que vous pouvez voir aujourd’hui.
Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrés ? Parce que je suppose que tout n’as pas été toujours agréable pour réaliser ce travail de long haleine.
Vous avez ici 111 photos qui ont été sélectionnés parmi 802 photos. Les difficultés, j’en rencontre presque tous les jours. Déjà de la part de certains confrères qui ont été très réticents quand je prenais ces images ou encore me mettait la pression pour récupérer leurs photos. Ce qui ne facilitait pas les prochaines prises de vues qui manquait de spontanéité. Mais aujourd’hui, ils sont très contents de voir le résultat et de faire l’objet d’une exposition qui les met en valeur.
Comment le public a-t-il accueilli cette exposition ?
Le feedback est très bien de la part du public. Le vendredi 10 passé lors de l’ouverture de cette exposition, j’ai pu entendre certains donner plusieurs avis favorables. Certains ont trouvé ça courageux parce que c’est pour la première fois qu’un journaliste fait une telle autocritique de son métier. Par ailleurs, certains m’ont dit qu’ils ne savaient pas que le journaliste souffrait autant avant de venir à la télévision ou de présenter le journal à la radio.
Avec l’arrivée d’Internet et la multitude des banque d’images qui existe aujourd’hui, quelle est l’avenir du photojournalisme ?
Toutes les photos sur Internet ne cadre pas toujours avec l’angle de l’article. Alors le photojournaliste et le rédacteur se complètent. Ils doivent travailler ensemble pour produire le papier. Comme exemple, au Bénin, nos ministres quand ils vont en campagne pour visiter la population, très peu s’offrent les services d’un photojournaliste et quand le journaliste finit d’écrire son papier, il utilise un portrait du ministre en costume alors que ce dernier était en campagne avec des paysans donc habillé pour l’occasion. D’où l’importance de disposer d’un photojournaliste qui prendra des images sur le terrain.
Quel est l’état du photojournalisme au Bénin ?
Nous ne sommes pas découragés mais il faut dire qu’au niveau de l’aide de l’Etat à la presse, les preneurs d’images sont mal lotis. Ils ont droit difficilement à une formation par an. Les gens pensent que quand on parle de journalisme, il s’agit juste du rédacteur alors que le preneur d’images a aussi un rôle très important. Aujourd’hui, si les preneurs d’images vont en grève, la télévision aura du mal à fonctionner normalement alors les gens doivent comprendre que seuls des photos peuvent faire un article. Nous, nous avons la chance de travailler avec l’extérieur mais au Bénin les rédactions doivent impérativement avoir des photojournalistes et c’est à la HAAC (Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication) de le leur imposer pour aider les photojournalistes.
Quels sont vos projets après cette exposition ?
En septembre prochain, je présenterais cette exposition à l’Institut Français de Cotonou et ensuite si tout va bien, j’irais toujours avec quelques photos représenter le Bénin en France.
Je vous remercie.
Si vous êtes à Cotonou, l’exposition se poursuit jusqu’au vendredi 17 au Centre Culturel Chinois !
Faites y un tour pour plus de détails !
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