Bénin: Les conducteurs de Taxi-moto en danger!
Un phénomène semble prendre de l’ampleur depuis quelques temps au Bénin, la consommation abusive du Tramadol par les conducteurs de taxi -moto communément appelés « zémidjans ». En effet,elle ne cesse de croître à Cotonou et met ainsi en danger leurs vies et celles de leurs clients. Pour mieux comprendre le fait, j’ai mené ma petite enquête!
« Ils sont très nombreux à prendre ce produit qui leur donne disent-ils la force pour conduire pendant une longue durée. Mais, moi je n’en prend pas car quand ils tombent malade, ils ne s’en sortent pas », me confie Jean, conducteur de taxi-moto qui m’a déposé après une course à Sikecodji. Les inquiétudes des usagers, des autorités et même de conducteurs de taxi moto quant à l’abus de consommation de cette drogue par leurs pairs zemidjans se font de plus en plus persistantes.
Inquiétude justifiée car comme nous le confie un Médecin qui a souhaitée garder l’anonymat, « le Tramadol est un antalgique de pallier 2. Il peut entraîner une dépendance car consommé à très fortes doses, ses effets secondaires sont comparables à ceux de la morphine. Le Tramadol est fortement déconseillé en cas de pathologie du foie sévère. Il est également fortement déconseillé en cas de prise d’antidépresseurs« .
À ce titre, il convient de l’employer avec une toute autre réserve. Aussi, nous avons découvert que le Tramadol n’est délivré en France que sur ordonnance et qu’il a fait l’objet en 2009 d’un signalement sanitaire international après avoir été à l’origine d’une importante et très rapide toxicomanie à Gaza.
C’est ainsi que depuis le 31 janvier 2011, le Tramadol fait partie de la liste des médicaments à surveiller en France.
Mais ce n’est pas tout, les effets secondaires sont : nausées, céphalées, vertiges, douleurs d’estomac, hypoglycémies, anxiété, crise d’angoisse, dépression .
Une dose trop importante de Tramadol (plus de 200 à 400 milligrammes en une prise) peut entraîner un collapsus suivi de spasmes et contractions musculaires importantes, la crise ressemblant symptomatiquement à l’épilepsie a ajouté le médecin.
Du côté de l’OCERTID (Office Centrale de Répression du Trafic Illicite et des précurseurs) béninoise, on apaise. Monsieur Parfait ALLAGBE , inspecteur de police affirme qu’il existe deux méthodes pour lutter contre la consommation du Tramadol au Bénin.
Dans un premier temps, la mise en place de l’UMCC (Unité mixte de contrôle des conteneurs) au port de Cotonou qui permet de vérifier le contenu des conteneurs arrivés au Bénin. L’inspecteur affirme que cette méthode leur a permis de saisir près de 62 tonnes de Tramadol à ce jour. Quant à la seconde méthode, il s’agit des descentes sur le terrain comme celle qui a été initiée en décembre dernier au marché Dantokpa où près de 5 kg de Tramadol ont été saisis.
Cependant, il précise que le tramadol est un produit qu’on trouve dans les pharmacies mais qu’il n’est pas toléré au-delà de 50 mg. Pourtant avec l’explosion du marché illégal, on en trouve qui dépasse fortement cette dose généralement vendus par des personnes sous-informées.
Mais les enquêtes se poursuivent pour mettre la main sur ceux qui commandent ce produit de façon illicite à destination du Bénin a-t-il rassuré.
Si ces propos semblent rassurants, un vendeur de café accompagné de Tramadol, d’origine étrangère, installé anarchiquement sur la route du port ne cache pas son enthousiasme. « Ce produit coule facilement et tant que la demande sera là, nous essayerons de vendre. Les zems sont pauvres », poursuit-il, « et ils ont besoin de ce médicament pour résister à la fatigue. C’est la pauvreté.»
Pour lui, ses clients n’abusent pas du Tramadol au point de craindre pour leur santé.
L’avis est le même à Gbégamey où le vendeur accuse les pharmacies de s’approvisionner chez les dames du marché.
« Nous avons peur quand ils nous prennent mais nous n’avons pas le choix. On a besoin d’eux. Et quand on les attrape pour ça, ils ressortent très vite. » dénonce Alice assise derrière un zémidjan.
Toute préoccupation réfutée en bloc par l’inspecteur.
Évoquant les causes, les avis divergent. Si les autorités municipales et leurs services pointent du doigt l’ignorance des « zems », les accusés évoquent quant à eux, la situation économique du pays. « Nous ne gagnons pas beaucoup d’argent et les zemidjans sont de plus en plus nombreux à Cotonou. Et comme nous avons des familles à nourrir, ce produit nous aide à tenir. » déclare, Alain, zém rencontré à Akpakpa.
Par ailleurs, l’inspecteur dit en parlant du sort des personnes arrêtées, qu’ils sont présentés au procureur pour complicité de vente de produits prohibés. Cependant, n’étant pas la tête de la chaîne de vente, elles sont relaxées et sensibilisées sur les risques de ce produit.
Pour finir, l’inspecteur exhorte tous ceux qui sont dans le domaine de la santé à sensibiliser toute la population sur les conséquences et les méfaits du Tramadol car seul la sensibilisation permettra d’éviter l’exposition des populations aux maladies liées au Tramadol.
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