J’ai refusé d’être diffusé par Amazon !
Quand on l’habitude d’écrire, qu’il s’agisse d’articles, de nouvelles et de romans, nous voulons tous être lu. Et pour être lu, faudrait encore être diffusé déjà. Il y a quelques jours, un éditeur m’a proposé de rendre mon travail de recherche disponible à travers le plus grand diffuseur Mondial Amazon mais j’ai refusé…
Mercredi, 17 avril 2013, comme tous les matins, je consulte mes mails avant toute chose. De l’info comme d’habitude et un mail d’un expéditeur que je ne connais pas. Un certain Alain Durand. Je commence donc par ça.
Et voilà ce que je lis…
» Cher Madame, J’ai pris connaissance à travers la bibliothèque de votre université que vous êtes l’auteur de l’ouvrage intitulé « Les défis de la presse écrite béninoise à l’ère du média Internet : exemple d’un agrégateur de news : Jolome.com », soumis en 2012.
Nous planifions de lancer quelques publications sur ce même thème et je me permets ainsi de m’enquérir de votre intérêt quant à une publication de cette œuvre chez nous.
Les Éditions Universitaires Européennes se spécialisent depuis plusieurs années dans la publication et la commercialisation de travaux de fin d’études sous forme de livres brochés.
Nous vous proposons donc nos services de publication afin de rendre votre travail disponible à travers les plus grands diffuseurs mondiaux, tels que Amazon.
Je vous serais très reconnaissant de bien vouloir me confirmer votre intérêt à cet égard, afin que je puisse vous faire parvenir une brochure détaillée par courriel.
Au plaisir de vous lire bientôt.
Très cordialement,
Alain Durand Lectorat »
Avec en pied de mail, toutes les références concernant les éditions Universitaires Européennes, sites internet, mail , bref tout pour vous rassurer.
Entre joie et excitation, je fais whaouh !
Je respire un grand coup et je relis le mail tranquillement pour me rassurer qu’ils sont bien entrain de parler de MOI.
Le travail de recherche dont il est question est bien de moi et est disponible à la bibliothèque de mon université, ils ne se sont donc pas tromper.
Mais là encore, je n’y crois toujours pas.
Je prend mon téléphone pour appeler le Directeur de mon université et après plusieurs essais, il ne décroche pas.
J’essaye d’avoir au téléphone le Directeur des études que j’arrive finalement à joindre et qui me dit que mon travail a bien été rendu public et que c’est tout à fait normal que certains de leurs partenaires internationaux l’ai récupéré.
A ce moment, je suis donc convaincue qu’il faut que je réponde au sieur Alain Durand.
Pendant que je rédige le mail de réponse, j’en profite pour annoncer la « bonne nouvelle » à un super grand frère avec qui je discute en messagerie instantanée.
Je lui transfère le mail et je lui demande ce qu’il en pense.
(J’attendais de grosses félicitations et surtout un « je suis fière de toi »)
A ma grande surprise, il me répond automatiquement « je ne trouve pas ça sérieux ».
Je répond toute surprise : Ah bon ? Pourquoi ?
Mes espoirs s’écroulent donc immédiatement (car ses intuitions sont toujours justes d’habitude) et j’enregistre le mail destiné à Monsieur Durand dans mes brouillons.
Il me dit alors: Tu sais, tu seras effectivement publiée et cette maison d’édition existe bien.
Je lui dis alors, où est le problème ?
Il m’explique donc avec des liens à l’appui que plusieurs chercheurs avaient déjà reçu ce mail et avaient confié qu’il fallait se méfier du modèle d’affaire de cette maison d’édition.
Qu’est-ce que cela veut donc dire ?
Je vous livre ici l’essentiel du contenu d’un lien qu’il m’a envoyé…
« Plusieurs chercheurs ont répondu avec empressement aux mails envoyés par les éditions universitaires européennes et voilà comment fonctionnent exactement les EUE(Editions Universitaires Européennes)
Des travailleurs de la Moldavie et de l’Île Maurice récupèrent des informations par le biais des bases de données de thèses et mémoires disponibles au format numérique sur les sites des bibliothèques universitaires. Ils utilisent ces données pour contacter massivement par courriel des chercheurs pour leur offrir un contrat des plus intéressants : publier leur thèse dans un délai très court, sans frais, avec une redevance sur les ventes et l’obtention d’une copie papier gratuite. Le problème (car vous vous doutiez que tout était trop beau pour être vrai) est que le manuscrit n’est soumis à aucune forme de révision ou d’arbitrage : tous les travaux sont acceptés. Le livre est mis en vente sur des sites comme Amazon à un prix exorbitant (plus de 120 $ en général) et n’est imprimé que sur demande.
À qui sont versés les profits ?
VDM Verlag (entreprise à qui appartient les EUE) ne paie pas de redevances aux auteurs lorsqu’elles sont inférieures à 10 euros par mois. La quasi-totalité des auteurs perdent donc leurs menus profits au bénéfice de la compagnie. Quand on pense à la dizaine de milliers de titres du catalogue de la maison d’édition, on imagine de quel ordre peut être le profit engrangé par VDM Verlag. D’autant plus que les auteurs pour lesquels leur livre leur rapporte entre 10 et 50 euros par mois ne reçoivent pas non plus d’argent, mais plutôt une compensation sous forme de coupon à échanger pour des livres produits par la maison.
Est-ce une fraude ?
Ce modèle d’affaire n’est pas une fraude en soi. Par contre, le fait de publier chez VDM Verlag peut entacher le curriculum vitae d’un chercheur, vu les pratiques non orthodoxes de la maison d’édition. »
En définitive, je ne sais pas ce que vous en penser mais j’ai tendance à croire que VDM Verlag est une pure « arnaque » et il faudrait bien choisir nos éditeurs.
Soyez vigilants donc !
Merci à Dimitri della Faille du Département de travail social et des sciences sociales de l’Université du Québec à Montréal qui a rédigé la mise en garde à l’origine de cet article.
Merci à mon grand frère et mondoblogueur aussi Tresor Kibangula qui m’a sauvé la mise une fois de plus.
Et à vous, faites très attention !
Tout ce qui brille n’est pas de l’or, j’espère que cet article vous aurez convaincu de cela.
En ce qui me concerne, je poursuis mes investigations afin d’avoir ma propre expérience. Je vous tiendrais informer…
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