Dakar : Silicon Valley de l’Afrique francophone ?

Article : Dakar : Silicon Valley de l’Afrique francophone ?
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16 avril 2013

Dakar : Silicon Valley de l’Afrique francophone ?

Crédit photos: Florian Ngimbis
Crédit photos: Florian Ngimbis

Dans le cadre de la Formation Mondoblog qui a eu lieu du 06 au 14 avril dernier à Dakar, comme une vrai « geekette », j’ai décidé de m’appesantir sur la webosphère sénégalaise et je vous livre ici ce que j’en retiens.

Pendant que d’autres pays tels que le Bénin tardent à révolutionner le numérique, le Sénégal quant à lui est dans le peloton de tête des pays de l’Afrique de l’ouest pour l’infrastructure Télécom. Mais, avec un taux d’à peine 16% de pénétration de l’internet et des problèmes de financements, tout n’est pas si facile au pays de la Teranga.

Le nombre d’événement innovants liés au numérique s’élève à 150 cette année. Le taux de pénétration du mobile est de 80 %. Plus de 650000 sénégalais sont sur Facebook.

Ces chiffres m’ont été donnés par  entre autre  Karim Sy, Général manager de Jokkolabs, un écosystème d’innovation ouverte et un cluster virtuel pour la transformation social basé sur une communauté organique et un espace de co-working. Une première dans la sous-région d’autant plus qu’elle  s’appuie sur des talents individuels et le partage des ressources et de la prospérité  Ingénieur télécom de formation, Karim affirme que l’Afrique peut être globalement précurseur dans les usages technologiques.

Jokkolabs est un projet destiné à la communauté financé par les entrepreneurs et pour les entrepreneurs  dit-il. Inspiré de la culture du logiciel libre, Jokkolabs souhaite susciter l’innovation.

Mais il n’y a pas que Jokkolabs à Dakar,

Mardi 9 avril, deuxième jour de notre dakar tour 2.0, nous visitons aujourd’hui  CTIC Dakar, le premier et le seul incubateur du pays né d’un partenariat entre le public et le privé qui « couve » de jeunes startups.

CTIC Dakar se finance grâce à un pourcentage fixe qu’il perçoit sur les entreprises qu’elle aide à se développer. Il leur offre un cadre idéal, des bureaux confortables et une assistance fiscale  pour leur faciliter les charges au démarrage.

Plus qu’un incubateur, CTIC s’assure que les startups ont un réel impact sur leurs communautés. Au nombre de celles-ci, on peut citer Sama event, un site de réservation en ligne local ou encore m.louma, une application pour permettre aux agriculteurs de mieux gérer leurs marchés.

Marché plutôt impressionnant au Sénégal car 40% de la population dispose d’un smartphone et le mobile représente 10 % du PIB sénégalais comme nous le confie Monsieur Omar CISSE, Directeur de CTIC DAKAR.

Au nombre des innovations sénégalaises, on peut aussi citer l’application mobile de géolocalisation Ndakaaru (« Dakar », en wolof) lancée pendant notre séjour. Développée à l’occasion  du Tandem Dakar-Paris, Ndakaaru offre une visite guidée de Dakar avec à l’appui des mythes,légendes et histoires. Des thématiques telles que la santé, l’éducation y sont aussi intégrées en plus des contenus des blogueurs de Mondoblog (la plateforme de l’atelier des médias,la web émission participative de radio France international.

Il faut préciser que Ndakaaru est un prolongement du portail Web dénommé agendakar lancé en 2009. Aussi, plusieurs partenariats ont été établi  avec les ONG OneWorld UK et RAES (Réseau africain pour l’éducation, la santé et la citoyenneté),  pour promouvoir la prévention et l’accès aux soins à destination des jeunes générations notamment dans le domaine de la santé.

Par ailleurs, toutes ces innovations qui ne sont pas exhaustives dans cet article  sont loin d’être sans difficultés…

Orange  qui possède 42 % du capital de la Sonatel, principal opérateur sénégalais n’hésite pas à imposer ces nouveautés et à faire de l’ombre aux jeunes start up qu’elle feint d’accompagner mais  qui dépendent d’elle malheureusement. Avec ces offres   diverses et variées basées sur les technologies sms tels que l’alerte foot et l’accès à Facebook, Orange tente d’éduquer le marché et vient juste d’inaugurer un technocentre à Abidjan et lancée à Dakar.

Entre autre challenges, on peut parler aussi de la pression familiale que subissent les jeunes startupers. Pas très rémunératrice au début, les entrepreneurs se disent acculées par leur familles qui attend beaucoup d’eux et très rapidement. D’ailleurs, j’ai remarqué que la plupart de ces entrepreneurs faisaient partie de la diaspora sénégalaise donc des personnes dont les parents avaient investi sur leurs études en occident. D’où l’inquiétude de ces derniers quand leur progéniture se lance dans des aventures incertaines. Mais quand je leur demande pourquoi sont-ils rentrés malgré tout ? Ils me répondent qu’il y a quelques années, ils n’y auraient pas pensé mais aujourd’hui ils sont conscients que l’Afrique est le continent d’avenir. Même si, faut le dire, tous ceux qui reviennent ne réussissent pas forcément…

Néanmoins, la plus grosse difficulté de ces jeunes entreprises restent indéniablement le financement qui tardent à venir mais Aude Guyot (web-Designer ) pense que la solution pour ces entreprises est de développer des applications adaptées, ce qui leur assurera forcément un succès.

Les solutions ne s’arrêtent pas là ! Pour pallier au problème de financement, la communauté web sénégalaise a pris part du 12 au 14 avril 2013 à une startup week-end.  La startup week-end Dakar est un évènement au cours duquel tous les participants de profil totalement différents se réunissent, pitchent des idées, forment des équipes et défendent leurs projets devant un jury de grande facture qui les aidera à le réaliser.

A vrai dire, le plus dur commence après la victoire pour la meilleure équipe mais faut croire que  si les géants Microsoft, Google et Viadeo se sont installés à Dakar, c’est bien pour une raison.

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Commentaires

Kenza
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Il faut noter que le taux réel de pénétration internet dans la population sénégalaise est autour de 5% (16% étant plutot le taux de pénétration des souscription ADSL, donc lignes haut debit, sur le parc total d'abonnés, chiffre artpsenegal.net)

40 % de la population équipée d'un smartphone ?(donc un taux supérieur à la moyenne continentale ?) A vérifier... La pénétration de la 3G auprès de la population totale est autour de 4 %. Par contre, fait très révélateur, plus de 70 % des souscription internet sont mobiles.

La dynamique est la !! l’écosystème s'organise, de la à parler de silicon valley de l'Afrique francophone ? se serait bien prématuré.

Sinatou SAKA
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merci Kenza pour votre apport à cet article!

TAMBA
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Merci pour la visite guidée et merci à Kenza pour les précisions

Nora
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Merci à toi l'africaine pour ce billet

Sinatou SAKA
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pas besoin de me remercier! c'est normal nora :)

Josiane Kouagheu
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Super Billet la "geekette". Dakar est un peu plus que Douala je pense. Mais nous avons aussi l'apport de Microsoft dans des projets. J'espère que l'avenir multimédia sera plus intéressante dans toute l'Afrique...

Sinatou SAKA
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j'espère aussi! c'est ce que nous désirons tous même si, je m'inquiète pas trop! L'avenir c'est en Afrique...

Pascale
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Un billet intéressant qui permet de faire un bon tour d'horizon.
Mes activités vont aussi dans le sens du développement des usages des TIC et pouvoir lire du contenu instructif dans ce sens est toujours enrichissant.
Diarédief ;)

Sinatou SAKA
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merci Pascale! Bon courage à tous!

nbs
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Très interessant surtout la partie qui parle de la pression familiale sur les startupers sénégalais ou africain. C'est vrai qu'on leur donne pas trop l'espace pour tenter, tomber, réessayer ! alors que les echecs sont quasi incontournables pour qui veut emprunter la voie du succès

La sonatel egalement est un obstacle à l'eclosion de jeunes entrepreneurs je pense, avec risque de récuperation des bonnes idées !

Sinatou SAKA
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Exactement! c'est pour ça, j'accuse directement Orange, actionnaire principale de la SONATEL

Serge
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ton implication a été incroyable Sina...

Sinatou SAKA
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merci serge ;)

Boukari Ouédraogo
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Au moins, le Senegal a la chance d'etre a ce niveau. Comparativement aux autres pays de la sous region, le pays de la Teranga est l'Europe.