Qu’est ce qu’ils ont à marcher autant?
Il ne se passe un jour sans que des images de marche, de compassion ou de soutien au chef de l’Etat suite à la tentative d’empoisonnement dont il a fait l’objet ne soient diffusées sur nos petits écrans. On en vient même à se demander si il n’y a pas une autre actualité dans le pays. Trois semaines après cet événement, pourquoi les populations continuent-elles de marcher?
L’argent comme élément de mobilisation ?
En Afrique, quand quelqu’un échappe de peu à une tragédie, ses proches rendent grâce à Dieu . Aujourd’hui, le théâtre auquel on assiste au Bénin n’est rien d’autre que de la propagande. La question m’a été posé de savoir si les personnes qui marchent pour soutenir le chef de l’Etat étaient vraiment de son côté. Ma réponse fût négative vu que la plus part de ces marches sont initiées par des personnes en disgrâce entre temps avec le chef de l’Etat. C’est l’occasion pour ces derniers de se racheter ou de s’attirer à nouveau la sympathie du chef de l’Etat en se faisant remarquer à travers ces marches. Pour y arriver, il n’hésitent pas à mettre les mains à la poche. L’argent, rien que l’argent. L’important est que les billets de banque soient mis à la disposition des marcheurs et le tour est joué. Il n’est plus un secret pour personne que ce sont les billets de banque qui servent de stimuli pour les marcheurs.
Dès le lendemain de l’ouverture de la rocambolesque affaire d’empoisonnement, les populations sont sorties dans les rues pour crier haut et fort leur indignation quant à la vie du président qui a été menacée. Puis, les marches se sont multipliées jour après jour. Le week-end dernier, des hommes et des femmes, présentés comme des Béninois venus de tous les coins du Bénin étaient au Palais de la Présidence pour présenter leur compassion et leur soutien au chef de l’Etat dans cette affaire . Et comme on peut s’en douter, toutes ces personnes se sont déplacées vers ce lieu parce qu’elles sont convaincues de repartir avec de l’argent! Oui, dans notre pays c’est ainsi qu’on rassemble le monde. Avec de l’argent!
Au-delà de cette remarque, il faut pouvoir chercher les raisons et les conséquences de cette situation.
Dans le cas d’espèce, reconnaissons que l’abus de l’argent qui s’est presque érigé en maître au Bénin est en toutes choses et en toutes circonstances dommageables. Et a des répercussions sur les valeurs fondamentales de la société béninoise.
Ainsi, Pour une raison ou pour une autre on déverse ses sympathisants dans les rues à coup de millions soit pour se vanter de sa popularité, soit pour des marches de soutien. Si ce n’est pas des étudiants qu’on amasse, ce sont les « zemidjans » qui abandonnent leurs activités qu’on embarque dans les rues.
Espérons que les responsables de cette pagaille n’oublient pas qu’ils sont les seuls coupables de la décadence morale en règle désormais chez nous. Car pour une affaire dite en instruction, il n’y a pas de jour ou de lieu où on ne fait de vacarme à cet effet.
Mon pays s’engouffre dans une pratique totalement absurde. Sinon comment comprendre que les gouvernements les plus méritants du monde entier ne reçoivent aucun soutien de leur population. Quel intérêt alors pour un pays qui manque de tout ?
Pourtant….le pouvoir d’achat s’affaiblit et la pauvreté s’accroît !
Et malgré tout ceci, les béninois ne démordent pas. Ils sont dans les rues ou, comme on observe ces derniers jours, dans les églises pour rendre hommage au chef de l’Etat ou pour critiquer ouvertement et fortement les opposants du régime.
Si au moins, toutes ces marches avaient pour but de relever les tares de notre société, on s’en porterait mieux et elles auront le mérite d’éveiller nos dirigeants sur nos besoins et nous feraient avancer.
Ce qui me chagrine le plus dans toute l’histoire c’est que l’image de notre cher pays se ternit chaque jour un peu plus. Tous les étrangers en visite chez nous assistent à ces comédies et se posent certainement la question suivante:
Qu’est ce qu’ils ont à marcher autant? La misère sans doute dans un pays où aucun développement ne s’amorce véritablement.
Florian Ngimbis à écrit « La forteresse la plus « imprenable » ne vaut rien si les gardiens ont été achetés.
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